8e édition de l'écotrail de Paris - 80 km le 21 mars 2015
C'est l'histoire d'un type qui avait annoncé l'année dernière qu'il s'inscrirait sur le 80 km de l'ecotrail de Paris le jour où l'arrivée se referait au premier étage de la tour Eiffel. Et c'est ce qui est proposé aux coureurs de l'épreuve phare de la manifestation cette année sauf que ses moyens financiers sont très limités en ce moment. Il a alors tenté de gagner son dossard mais les dieux du tirage au sort ne sont pas avec lui cette année, jusqu'au vendredi 13 février où il s'est trouvé au bon endroit au bon moment et il a fait ce qu'on lui a demandé.
C'est ainsi que Runner's World France lui a offert son sésame pour cette course qui est devenue un événement de la course à pied sur la capitale.
Le petit hic, c'est que certains muscles n'ont pas apprécié les 34 km de boue du trail des marcassins fin janvier. Je suis donc au repos et je n'aurai pas la préparation pour être au top. Ce n'est pas grave, l'objectif est d'aller au bout quelque soit le temps, en espérant ne pas trop souffrir.
Un mois avant l'épreuve je reprends l’entraînement. Les douleurs ont disparu mais je sens que je suis sur la ligne jaune alors pas d'abus. Petit à petit j'ai la sensation d'aller mieux mais le temps est compté. Je tente rapidement les sorties longues qui se passent très bien, la confiance revient mais je n'ai pas l'aisance et la facilité du mois de décembre qui m'avaient permis de réaliser un bon trail (pour moi) à Beuzeville-la-Grenier. Si j'ai réussi là-bas à faire 83 km en 10h00 ici, je table plus sur 10h30/11h00 voir peut-être un peu plus mais quand même d'arriver avant 1h00 du matin, heure limite pour accéder au premier étage de la dame de fer.
La veille de la course, il faut aller au parc des expositions de la porte de Versailles pour retirer le dossard, l'ami Pascal m'y accompagne. Nous y croisons Francine (forfait pour cause de blessure et très triste de ne pas être de la fête), Marc, Joseph, Vincent… Nous papotons un peu puis nous faisons un tour dans le salon avant de revenir à la maison, c'est que j'ai un gâteau à faire.
Après une bonne nuit, une bonne douche et un bon petit déjeuner c'est l'heure d'y aller. En cours de route Pascal se rend compte qu'il a oublié ses bidons et doit faire demi-tour, la journée commence bien !
Un peu de bus, de métro puis nous nous retrouvons dans un train de la gare Montparnasse bondé de traileurs. Le RER C étant en travaux, nous avons été invités à nous rabattre sur cette gare. A la descente du train nous suivons le fléchage et nous montons dans le premier bus.
C'est qu'il ne fait pas chaud, mais alors pas chaud du tout ce qui contrarie mes plans vestimentaires.
Sur la zone de départ je croise quelques connaissances que je salue. Pascal me présente ses camarades de club.
Nous retrouvons Francine, Joseph, Philippe, Marc puis Vincent sur un banc un peu à l'écart. Ca rigole, ça chambre un peu tout en se préparant. Quelques photos puis Pascal part rejoindre ses potes de club, on lui souhaite une bonne course. J'ai le temps de manger une petite part de mon gâteau fait la veille puis arrivent ensuite Karine et son mari, nouvelles séance photos...
Midi approche vite. Marc est allé déposer mon sac au camion pendant que je surveille les affaires de Philippe qui a disparu des radars. En fait il y a la queue aux toilettes…
C'est en compagnie de Joseph et de Marc, avec les encouragements de Francine, que j'entre dans le sas de départ. Ca rigole bien, peut-être pour faire baisser la pression ? Marc retrouve des connaissances, dont Carole des lapins-runners qui est seule aujourd'hui.
Après l'interview de Samuel Etienne parrain de Pompier Raid Aventure qui emmène des enfants sur la course, suivi d'un rapide briefing et une minute de silence, le décompte est lancé. Je vais prendre pour la première fois le départ de ce 80 km.
On se souhaite bonne course et c'est parti !
Première partie de course : du départ au premier ravitaillement de Buc (km 23)
Le troupeau est assez compact ce qui va nous obliger à ralentir quelques centaines de mètres plus loin pour passer sur les tapis de chronométrage. Même chose quand nous entrons sur ce chemin qui va nous faire contourner le plan d'eau de la base de loisirs. Un petit coucou aux filles qui nous prennent en photo. L'ambiance dans le peloton est surtout à la rigolade, c'est vrai que les choses sérieuses commencent bien plus loin. Jusqu'à Buc seule une belle petite côte nous attend juste avant de redescendre dans la bourgade qui abrite le premier ravitaillement.
Le premier piège dans lequel il ne faut pas tomber c'est de partir vite. Le parcours s'y prête, on est euphorique, tout va bien et on peut s'emballer sauf que la route est longue.
J'ai laissé derrière moi Joseph et Marc, je ne sais pas où est Vincent, Philippe et Pascal doivent déjà être loin devant. Nous allons longer un golf puis passer devant le Vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines.
L'allure affiché par ma montre est de 5'52 au kilomètre. C'est moins rapide qu'en Normandie mais c'est trop compte tenu de ma préparation chaotique
Vers le 10 km ça va bouchonner un peu pour emprunter une passerelle. Là je n'étais pas très rassuré. D'abord je me retourne et ne vois pas mes amis, m'auraient-ils passé sans que je m'en aperçoive ? Mais le pire c'est cette passerelle qui tremble terriblement sous nos pieds et ses haubans qui laissent échapper un bruit inquiétant en vibrant, pas du tout rassurant tout ça et je ne suis pas le seul à le penser. Une fois de l'autre côté ça va mieux.
Nous traversons un quartier de la ville où quelques personnes nous encouragent. La traversée d'une large avenue bloquée par de gentils bénévoles fait klaxonner de nombreux automobilistes…
Retour dans la nature. Le parcours est agréable. Je fais le yoyo avec quelques concurrents dont une féminine au dossard 470, un monsieur et une dame aux couleurs de la Société générale. La dame court en five fingers et elle n'est pas la seule, chapeau car moi je ne pourrais pas ! Tiens, un bagnard s'est arrêté le temps d'enlever des rochers dans ses baskets ! J'arrive derrière la joëlette des dunes d'espoir, ils ont bien du courage, bravo ! Après une petite pause technique vers le 13e km, je me retrouve aux côtés du président de la SAM Paris 12, le club de l'ami Pascal. On papote un peu sur quelques kilométrés puis je le perds suite à une légère accélération pour dépasser un petit groupe. Une petite côte et j'arrive à Buc, premier ravitaillement. Tout roule pour moi. Je fais le plein de mon bidon et je repars aussitôt pour cette seconde partie de course en direction de Meudon.
Quelques kilomètres plus loin, dans une nouvelle belle grimpette, je me rends compte que j'ai perdu pas mal d'eau. J'ai trop rempli rempli mon bidon et comme j'ai ajouté une pastille d'isostar, la pression est montée et l'a fait fuir. Là je suis mal ! J'ai le palpitant qui s'excite, je vais arriver en haut après avoir fait 3 pauses et Meudon est encore loin, à environ 9 km. Je dépasse la joëlette des pompiers à l'arrêt. Ils prennent certainement en charge un autre enfant, mais qu'est-ce qu'ils vont vite !
J'ai comme l'impression d'avoir déjà foulé les chemins qui nous accueillent désormais. Côté conditions de course, je trouve que nous avons de la chance. Pour moi la température est idéale et surtout, grâce à une semaine sans pluie, il n'y a pas de boue ce qui me convient parfaitement mais cela n'empêche pas que je suis au plus mal et que l'allure baisse de plus en plus.
Je m'aperçois que le président de la SAM Paris 12 est repassé devant moi et je ne l'ai pas vu. J'avais le nez dans les baskets et la musique dans les oreilles pour me remonter le moral. Mais la musique va vite me gonfler alors je vais tout couper rapidement. C'est peut-être grâce à quelques sms que je vais arriver enfin à Meudon ou Francine et Karine m'accueillent juste avant le ravitaillement. Elles me donnent quelques nouvelles des personnes déjà passées. Pour l'instant ça va bien pour tout le monde, pourvu que ça dure. Il se mérite ce ravitaillement de Meudon. Pour y arriver il faut grimper de nombreuses marches qui me paraissent interminables, heureusement que nous sommes bien encouragés.
Aussitôt arrivé aux tables, je me jette sur l'eau. De toute façon ce ravitaillement ne propose que de l'eau, ça tombe bien. Je vais quasiment boire 2 litres d'eau. Je refais le plein du bidon mais je ne vais pas mettre de pastille tout de suite. Je me suis fait avoir une fois, pas deux… Avant de quitter la zone ou il ne fait pas chaud, d'ailleurs ils sont nombreux à sortir la veste de leur sac, je retire vite fait les petits cailloux de mes chaussures avant de reprendre la course en direction de Chaville.
La première arrivera vite après la sortie du ravitaillement de Chaville. Celle-ci fait mal mais comme le moral est revenu ça passe. La seconde arrive à la sortie de la ville pour rejoindre la forêt de Fausses-Reposes que je connais aussi pour avoir fait une fois la QBRC. Après il n'y a plus qu'à dérouler ! Enfin, c'est simple sur le papier encore faut-il le faire avec des muscles qui veulent que ça s'arrête et sans se casser la figure ce qui a failli m’arriver dans une petite descente.
La fatigue, la tête ailleurs et la luminosité qui baisse atténuent ma vigilance et tout aurait pu s’arrêter là. C'est ce qui est arrivé à une dame un peu plus loin, pourtant dans un chemin qui semblait inoffensif. Au 61e km, alors que j’étais en train de vider les poches de mon sac à la recherche de je ne sais quoi, une dame et un monsieur me dépassent mais la dame chute lourdement devant nous. Je range ce que j’ai dans les mains, j’allume ma frontale alors que le monsieur la relève. Je lui demande comment ça va et là elle fond en larmes. Elle ne répond à aucune question si bien que je repars avec l’idée de signaler cet incident au bénévole que je vois au bout du chemin, mais le monsieur qui l’a relevée a été plus rapide que moi.
Je continue donc ma route.
Ce sont quelques trottoirs qui nous attendent après la forêt de Fausses-Reposes puis nous entrons dans le domaine national de Saint-Cloud. Je suis revenu sur les lapins-runners (monsieur accompagne madame pour la fin) et sur l’équipe de la Société générale.
Jusqu'au dernier ravitaillement qui se fait attendre je m’arrêterai deux fois pour boire un peu. J'ai vu apparaître ce ravito au dernier moment car les tentes cachent les lumières, je n’ai même pas vu les tapis de chronométrage.
Je me rends compte que l’organisation met à notre disposition de grands bidons d’isostar tout prêt il n’y a qu’à se servir. Je remplis ma gourde après avoir dévissé le bouchon pour faire un appel d'air afin que ça coule un peu plus vite au robinet. J’avale à nouveaux 3 tucs, je prends une photo puis je repars en regardant cette tour Eiffel qui semble être si près de moi.
A partir c'ici je sais que c'est gagné, quand on est là on va au bout. Je regarde aussi ma montre et je constate que j’en suis à 8 heures 16 de course. J’y crois pas, je regarde une seconde fois et je me dis que je peux être sous les 10 heures si j’arrive à me surpasser et là le moral revient au beau fixe.
Tout se passe bien, les jambes sont lourdes mais hâte d'arriver. Le pont du périphérique passé nous sommes désormais tranquilles, plus de voitures. J’arrive à la hauteur d’un jeune coureur que j’encourage. Habitué aux courses en montagne il n’est pas habitué à courir autant. Il connaît un peu la capitale mais ne sais pas trop où on va nous faire passer. Nous allons terminer ensemble accompagné par un vent glacial.
On se prend des flashs dans les yeux, merci les phtotgraphes Maindru ! Quasiment au bout de l’ile aux Cygnes une personne m’interpelle, c’est Francine qui veut courir un peu avec nous, vu son état je lui déconseille vivement. On papote vite fait, me dit que seuls le mari de Karine et Pascal sont passés, où est Pinpin ?
Je la laisse, elle m’encourage et me félicite, c’est super sympa. On remonte sur le pont de Bir Hakeim puis on redescend sur les quais. La dame de fer se dévoile, les frissons commencent à m’envahir. Quelques marches sous de nombreux "Bravo", des bénévoles bloquent la circulation pour nous faire traverser le quai Branly, on y est !
Je félicite déjà mon dernier compagnon de route car il va grimper plus vite que moi et je veux en profiter un max.
Nous passons sur un podium sur lequel un écran géant affiche les noms des coureurs qui ont terminé. A cet endroit il y a pas mal de spectateurs, certainement des personnes qui attendent des proches.
Encore quelques mètres sous des applaudissements, à nouveau un flash dans la tronche puis on me remet un ticket, palpe mon sac et les escaliers se dessinent. Je ne suis jamais monté sur cette majestueuse tour à cause des queues interminables de touristes qui m’ont toujours fait reculer. Là elle s’offre, je veux savourer, prendre mon temps mais c’est passé vite, 7 minutes pour gravir les 57 mètres qui séparent le premier étage du sol puis un tapis rouge apparaît. Je passe la ligne en trottinant et en remerciant le ciel de m'avoir donné la force d'aller au bout. Je ne peux pas n’empêcher de prendre en photo le petit écran de contrôle qui égraine les noms des finishers. Jamais je n’aurai imaginé arriver si tôt au bout de cet effort.
Je suis sur un nuage et je vais redescendre par les escaliers pour en profiter encore. Pascal me signale qu'il est sous la tente en train de boire une bière. Je m'y rends mais en chemin je demande aux secouristes que je croise où est leur chef, un de nos collègues est en effet responsable du dispositif de sécurité sur la course.
Je récupère mon sac aux camions, félicite Philippe (The Pink Runner) qui est arrivé devant moi puis je file avaler un bon repas. Je croise vite fait Karine qui est super fière de son mari. Il a réussi son objectif et un bien joli chrono qui me laisse rêveur. C'est par hasard sous la tente que nous allons retrouver notre collègue et boire un verre tous ensemble. Nous avons réussi à prendre une photo du vainqueur super sympa aux côtés de l'ami Pascal. Mon pote est très content de sa prestation surtout que sa douleur à la cuise l'a laissé tranquille. Nous aurons le temps de féliciter Vincent et Joseph avant de quitter les lieux, tous très satisfaits de leur course
Une très belle journée que je dois à Mickaël de Runners-World que je remercie encore une fois du fond du cœur.
Un grand merci aux organisateurs de cette belle course, aux supers bénévoles qui ont été très gentils sur tout le parcours.
Quelques déchets vu sur le parcours mais les forêts traversées, très proches de la capitale, sont très visitées que ce soit par des personnes qui se baladent comme par d'autres sportifs. Les coureurs ne sont pas tous responsables mais c'est toujours ça de trop. Ca coûte quoi de garder avec soi un emballage vide et le jeter au ravitaillement suivant ?
Enfin, je tiens à féliciter tous mes amis présents sur cet ecotrail quelque soit la distance. Bon rétablissement à celles et ceux qui ce sont blessés.
Je reviendrai un jour, si le prix n'augmente pas trop...
Le premier piège dans lequel il ne faut pas tomber c'est de partir vite. Le parcours s'y prête, on est euphorique, tout va bien et on peut s'emballer sauf que la route est longue.
J'ai laissé derrière moi Joseph et Marc, je ne sais pas où est Vincent, Philippe et Pascal doivent déjà être loin devant. Nous allons longer un golf puis passer devant le Vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines.
L'allure affiché par ma montre est de 5'52 au kilomètre. C'est moins rapide qu'en Normandie mais c'est trop compte tenu de ma préparation chaotique
Vers le 10 km ça va bouchonner un peu pour emprunter une passerelle. Là je n'étais pas très rassuré. D'abord je me retourne et ne vois pas mes amis, m'auraient-ils passé sans que je m'en aperçoive ? Mais le pire c'est cette passerelle qui tremble terriblement sous nos pieds et ses haubans qui laissent échapper un bruit inquiétant en vibrant, pas du tout rassurant tout ça et je ne suis pas le seul à le penser. Une fois de l'autre côté ça va mieux.
Nous traversons un quartier de la ville où quelques personnes nous encouragent. La traversée d'une large avenue bloquée par de gentils bénévoles fait klaxonner de nombreux automobilistes…
Retour dans la nature. Le parcours est agréable. Je fais le yoyo avec quelques concurrents dont une féminine au dossard 470, un monsieur et une dame aux couleurs de la Société générale. La dame court en five fingers et elle n'est pas la seule, chapeau car moi je ne pourrais pas ! Tiens, un bagnard s'est arrêté le temps d'enlever des rochers dans ses baskets ! J'arrive derrière la joëlette des dunes d'espoir, ils ont bien du courage, bravo ! Après une petite pause technique vers le 13e km, je me retrouve aux côtés du président de la SAM Paris 12, le club de l'ami Pascal. On papote un peu sur quelques kilométrés puis je le perds suite à une légère accélération pour dépasser un petit groupe. Une petite côte et j'arrive à Buc, premier ravitaillement. Tout roule pour moi. Je fais le plein de mon bidon et je repars aussitôt pour cette seconde partie de course en direction de Meudon.
Buc-Meudon, on rentre dans le vif du sujet.
Dès la sortie du ravitaillement une première difficulté arrive rapidement et ça va s’enchaîner. La fille au dossard 470 me repasse. Je tente de la suivre mais après 2 ou 3 km je la laisse partir, je suis en train de m'user. Même chose un peu plus loin avec les coureurs aux couleurs de la société générale. La moyenne affiché par mon GPS baisse un peu pour passer à 6'12 au kilomètre et désormais elle va baisser irrémédiablement. Vers le 32e km, une personne me double puis s'arrête au pied d'une butte pour un problème de pneu me dit-il. Je pense avoir reconnu The Pink Runner et c'est bien lui qui m'a fait gagner un dossard sur son blog pour le marathon de Senart. On fait connaissance vite fait avant qu'il ne continue son effort, je le remercie pour son cadeau et lui souhaite de réussir son objectif.Quelques kilomètres plus loin, dans une nouvelle belle grimpette, je me rends compte que j'ai perdu pas mal d'eau. J'ai trop rempli rempli mon bidon et comme j'ai ajouté une pastille d'isostar, la pression est montée et l'a fait fuir. Là je suis mal ! J'ai le palpitant qui s'excite, je vais arriver en haut après avoir fait 3 pauses et Meudon est encore loin, à environ 9 km. Je dépasse la joëlette des pompiers à l'arrêt. Ils prennent certainement en charge un autre enfant, mais qu'est-ce qu'ils vont vite !
J'ai comme l'impression d'avoir déjà foulé les chemins qui nous accueillent désormais. Côté conditions de course, je trouve que nous avons de la chance. Pour moi la température est idéale et surtout, grâce à une semaine sans pluie, il n'y a pas de boue ce qui me convient parfaitement mais cela n'empêche pas que je suis au plus mal et que l'allure baisse de plus en plus.
Je m'aperçois que le président de la SAM Paris 12 est repassé devant moi et je ne l'ai pas vu. J'avais le nez dans les baskets et la musique dans les oreilles pour me remonter le moral. Mais la musique va vite me gonfler alors je vais tout couper rapidement. C'est peut-être grâce à quelques sms que je vais arriver enfin à Meudon ou Francine et Karine m'accueillent juste avant le ravitaillement. Elles me donnent quelques nouvelles des personnes déjà passées. Pour l'instant ça va bien pour tout le monde, pourvu que ça dure. Il se mérite ce ravitaillement de Meudon. Pour y arriver il faut grimper de nombreuses marches qui me paraissent interminables, heureusement que nous sommes bien encouragés.
Aussitôt arrivé aux tables, je me jette sur l'eau. De toute façon ce ravitaillement ne propose que de l'eau, ça tombe bien. Je vais quasiment boire 2 litres d'eau. Je refais le plein du bidon mais je ne vais pas mettre de pastille tout de suite. Je me suis fait avoir une fois, pas deux… Avant de quitter la zone ou il ne fait pas chaud, d'ailleurs ils sont nombreux à sortir la veste de leur sac, je retire vite fait les petits cailloux de mes chaussures avant de reprendre la course en direction de Chaville.
Meudon-Chaville : Une bonne dizaine de kilomètre plus faciles.
J'ai beaucoup de mal à relancer la machine. J'en profite pour faire quelques photos de l'observatoire de Meudon ce qi permet à certains de me dépasser dont un lapin runner et ces 2 personnes de la Société Générale. Il va me falloir 2 bornes pour accuser le coup et me remettre à courir correctement. Le parcours est toujours agréable et je commence à reprendre confiance malgré les pieds qui tirent la sonnette d'alarme. Un rapide coup d’œil au chrono et je me rends compte que la moyenne se stabilise ce qui va me "rebooste". Je suis cependant incapable de faire des calculs et des prévisions. Ce tronçon va passer vite. Deux belles grimpettes je suis déjà au ravitaillement de Chaville juste après avoir fait une seconde pause technique. Je vais profiter de ce 3e ravitaillement pour faire l'appoint en eau de mon bidon. En quittant la zone en marchant, j'avale les 3 gâteaux salés pris vite fait et en même temps je sors la frontale du sac. La nuit ne va pas tarder à tomber, je préfère anticiper.Chaville-Domaine national de Saint-Cloud
Je sais qu'une bonne douzaine de kilomètres me sépare du ravitaillement suivant et pour avoir fait le 50 km il y a 3 ans (qui emprunte cette même partie du parcours), je connais à peu près les pièges qui m'attendent.La première arrivera vite après la sortie du ravitaillement de Chaville. Celle-ci fait mal mais comme le moral est revenu ça passe. La seconde arrive à la sortie de la ville pour rejoindre la forêt de Fausses-Reposes que je connais aussi pour avoir fait une fois la QBRC. Après il n'y a plus qu'à dérouler ! Enfin, c'est simple sur le papier encore faut-il le faire avec des muscles qui veulent que ça s'arrête et sans se casser la figure ce qui a failli m’arriver dans une petite descente.
La fatigue, la tête ailleurs et la luminosité qui baisse atténuent ma vigilance et tout aurait pu s’arrêter là. C'est ce qui est arrivé à une dame un peu plus loin, pourtant dans un chemin qui semblait inoffensif. Au 61e km, alors que j’étais en train de vider les poches de mon sac à la recherche de je ne sais quoi, une dame et un monsieur me dépassent mais la dame chute lourdement devant nous. Je range ce que j’ai dans les mains, j’allume ma frontale alors que le monsieur la relève. Je lui demande comment ça va et là elle fond en larmes. Elle ne répond à aucune question si bien que je repars avec l’idée de signaler cet incident au bénévole que je vois au bout du chemin, mais le monsieur qui l’a relevée a été plus rapide que moi.
Jusqu'au dernier ravitaillement qui se fait attendre je m’arrêterai deux fois pour boire un peu. J'ai vu apparaître ce ravito au dernier moment car les tentes cachent les lumières, je n’ai même pas vu les tapis de chronométrage.
Je me rends compte que l’organisation met à notre disposition de grands bidons d’isostar tout prêt il n’y a qu’à se servir. Je remplis ma gourde après avoir dévissé le bouchon pour faire un appel d'air afin que ça coule un peu plus vite au robinet. J’avale à nouveaux 3 tucs, je prends une photo puis je repars en regardant cette tour Eiffel qui semble être si près de moi.
A partir c'ici je sais que c'est gagné, quand on est là on va au bout. Je regarde aussi ma montre et je constate que j’en suis à 8 heures 16 de course. J’y crois pas, je regarde une seconde fois et je me dis que je peux être sous les 10 heures si j’arrive à me surpasser et là le moral revient au beau fixe.
Objectif tour Eiffel !
Je sais que ce n’est pas la partie la plus belle du parcours. Nous allons longer la Seine avec les péniches d’un côté et les voitures de l’autre ; Finalement pas trop de circulation et quelques automobilistes un peu curieux et amusés vont faire passer le temps rapidement. Je reste derrière un groupe de 3 coureurs et d'une fille. Dans le parc de l’ile Saint germain il me faut faire une nouvelle pause technique, après ce sera les trottoirs d’Issy les Moulineaux et l’entrée dans Paris.Tout se passe bien, les jambes sont lourdes mais hâte d'arriver. Le pont du périphérique passé nous sommes désormais tranquilles, plus de voitures. J’arrive à la hauteur d’un jeune coureur que j’encourage. Habitué aux courses en montagne il n’est pas habitué à courir autant. Il connaît un peu la capitale mais ne sais pas trop où on va nous faire passer. Nous allons terminer ensemble accompagné par un vent glacial.
On se prend des flashs dans les yeux, merci les phtotgraphes Maindru ! Quasiment au bout de l’ile aux Cygnes une personne m’interpelle, c’est Francine qui veut courir un peu avec nous, vu son état je lui déconseille vivement. On papote vite fait, me dit que seuls le mari de Karine et Pascal sont passés, où est Pinpin ?
Je la laisse, elle m’encourage et me félicite, c’est super sympa. On remonte sur le pont de Bir Hakeim puis on redescend sur les quais. La dame de fer se dévoile, les frissons commencent à m’envahir. Quelques marches sous de nombreux "Bravo", des bénévoles bloquent la circulation pour nous faire traverser le quai Branly, on y est !
Je félicite déjà mon dernier compagnon de route car il va grimper plus vite que moi et je veux en profiter un max.
Nous passons sur un podium sur lequel un écran géant affiche les noms des coureurs qui ont terminé. A cet endroit il y a pas mal de spectateurs, certainement des personnes qui attendent des proches.
Encore quelques mètres sous des applaudissements, à nouveau un flash dans la tronche puis on me remet un ticket, palpe mon sac et les escaliers se dessinent. Je ne suis jamais monté sur cette majestueuse tour à cause des queues interminables de touristes qui m’ont toujours fait reculer. Là elle s’offre, je veux savourer, prendre mon temps mais c’est passé vite, 7 minutes pour gravir les 57 mètres qui séparent le premier étage du sol puis un tapis rouge apparaît. Je passe la ligne en trottinant et en remerciant le ciel de m'avoir donné la force d'aller au bout. Je ne peux pas n’empêcher de prendre en photo le petit écran de contrôle qui égraine les noms des finishers. Jamais je n’aurai imaginé arriver si tôt au bout de cet effort.
Je suis sur un nuage et je vais redescendre par les escaliers pour en profiter encore. Pascal me signale qu'il est sous la tente en train de boire une bière. Je m'y rends mais en chemin je demande aux secouristes que je croise où est leur chef, un de nos collègues est en effet responsable du dispositif de sécurité sur la course.
Pascal et Emmanuel Gault |
Une très belle journée que je dois à Mickaël de Runners-World que je remercie encore une fois du fond du cœur.
Un grand merci aux organisateurs de cette belle course, aux supers bénévoles qui ont été très gentils sur tout le parcours.
Quelques déchets vu sur le parcours mais les forêts traversées, très proches de la capitale, sont très visitées que ce soit par des personnes qui se baladent comme par d'autres sportifs. Les coureurs ne sont pas tous responsables mais c'est toujours ça de trop. Ca coûte quoi de garder avec soi un emballage vide et le jeter au ravitaillement suivant ?
Enfin, je tiens à féliciter tous mes amis présents sur cet ecotrail quelque soit la distance. Bon rétablissement à celles et ceux qui ce sont blessés.
Je reviendrai un jour, si le prix n'augmente pas trop...
La trace de mon GPS :
La même trace sur openrunner
Mes photos:
Vidéos :
Une vidéo de la Team Asics Trail : Emmanuel Gault le vainqueur du 80 km et sa compagne Sylvaine Cussot seconde chez les filles
bravo Hubert! quel panache !!
RépondreSupprimerBeau chrono Hubert : félicitations.
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