Trail de la vallée des lacs
Après une épopée fantastique dans le Jura en 2015 avec mes amis Pascal, Joseph, Isa et Ella nous nous étions promis de refaire une petite course de montagne en 2016.
Après avoir épluché les calendriers des courses, notre choix s'est porté sur le trail de la vallée des lacs à Gerardmer qui propose un éventail d'épreuves pour tous les niveaux, du 12 km au 87km en passant par un 13 km, le 15 km (réservé aux filles), le 28 km et des courses pour les enfants. Malheureusement Joseph n'a pu se joindre à nous, c'est Francine qui le remplacera.
Compte tenu des barrières horaires serrées dans la première partie du 87 km c'est sur le 55 km que je vais m'aligner. Si c'est pour stresser à regarder la montre tous les kilomètres pour voir si je suis dans les délais je n'y vois aucun plaisir et préfère être plus à l'aise sur une distance plus abordable.
Vendredi 17 juin, 7 heures, départ de la capitale en direction de l'Est de la France via Savigny le Temple pour récupérer Francine. Je me rends compte que j'ai oublié le sac qui contient mes papiers, ma montre gps, mon chargeur de téléphone, un short... le week-end commence bien ! 5 heures plus tard nous arrivons à Gerardmer sous la pluie.
Un petit resto sympa pas très loin du lac, où curieusement nous sommes les seuls clients, puis nous allons chercher notre dossard toujours sous la pluie, nous sommes trempés. Une fois installés dans un appartement du centre ville très cosy réservé par Isabelle, nous allons profiter d'une éclaircie pour faire un tour en ville, faire quelques emplettes mais aussi repérer les restos pour le soir.
Les affaires prêtes, le très bon plat de pâtes avalé et l'excellent dessert terminé, on ne traîne pas pour aller au lit car Pascal démarre à 4 heures et moi 9 heures avec un délai de 11 heures pour boucler ces 55 bornes. Heureusement, nous sommes à 600m de la ligne de départ.
Je n'ai pas entendu Pascal partir mais je me lève avant le déclenchement de mon réveil. Il fait gris, pas trop envie d'y aller.
Faut dire qu'avec le repos forcé suite à une pubalgie en mars où j'ai écouté à la lettre les recommandations du médecin, la grisaille et la pluie quasiment tous les soirs, je n'ai pas l’entraînement adéquat, je ne suis pas au top forme et l'envie n'est plus là. Je n'ai que trois sorties longues de 30 bornes dans le jambes. A cela, un mal de dos m'a bien fait souffrir la semaine précédente et m'a même empêché d'aller trottiner depuis 9 jours.
Pas le moral, pas envie de courir, pas envie d'aller souffrir mais je me décide quand même à m’habiller et Francine m'accompagne. Heureusement qu'elle était là car j'aurai bien fait demi-tour. En attendant le départ je ne suis pas à l'aise, je ne suis pas à ma place.
Le touriste du trail que je suis n'a pas les dernières pompes Salomon, la dernière panoplie Ceramiq (bien que ma première couche est de cette marque), le dernier sac Hoka à la mode, ni de bâtons… Et ces personnes n'ont qu'un seul mot dans leur bouche UTMB ! Les traileurs peuvent critiquer les bouffeurs de macadam ils ont aussi leurs défauts.
Bref, Francine m'abandonne pour aller faire des photos un peu plus loin, il est trop tard pour reculer. On se rapproche de l'arche où un briefing va être donné sauf qu'au milieu de la meute on entendra rien, à peine quelques applaudissements puis le coup de pétard retentit, c'est parti pour une longue journée d'efforts.
Un petit coucou à Francine, on traverse le centre ville et derrière l’hôtel de ville les hostilités commencent : une première grimpette à la queue leu-leu car le peloton n'a pas eu le temps de s'étaler. L'occasion d'entendre encore parler… d'UTMB.
Une fois en haut, les sentiers et les chemins sont en meilleurs état de ce que je m'étais imaginé vu toute la flotte qui est tombée ces dernières heures.
J'ai rapidement les pieds mouillés à cause des ruisseaux gonflés à bloc créant des zones gorgées d'eau sur les chemins qu'ils traversent.
Je vais faire le yoyo avec les guides du coureur non-voyant. Je les entends dire qu'ils ont parcouru environ 7 km en une heure, tout baigne ! Passage devant le photographe, pas très aimable le gars !
A part deux petites descentes très glissantes, rien de bien méchant jusqu'au premier ravitaillement, le soleil s'est même montré après quelques gouttes de pluie.
Pour arriver jusqu'à ces premières tables j'ai vidé un bidon d'Isostar sur les deux que j'ai emportés. Le plein fait, un tuc avalé, je repars car c'est un peu la bousculade entre coureurs et suiveurs.
A partir de là ça se complique un peu. En plus des racines, les pierres et les rochers sont de plus en plus présents sur notre parcours et ça grimpe un peu plus aussi. Après une belle averse qui m'a bien refroidi malgré la veste que j'ai gardée sur moi depuis le départ. J'arrive quand même à profiter de cette belle nature, des ces belles forêts, des magnifiques points de vue sur les crêtes même si parfois les nuages gâchent un peu le fête.
Je progresse lentement mais sûrement en prenant quelques clichés de temps en temps. Je croise des randonneurs pas très contents de devoir s'écarter pour nous laisser passer. Le Rainkopf est déjà derrière moi, c'est le Hohneck qui nous attend et encore de beaux paysages. Mais avant d'en arriver là j'ai un petit creux qui ne sera comblé qu’après avoir avalé deux barres de céréales. N'ayant pas de montre et ne souhaitant pas sortir mon téléphone de sa pochette de protection je n'ai aucune idée du temps écoulé depuis 9 heures et encore moins de la distance parcourue.
Le point le plus haut du parcours est en vue. Des bancs de neige nous donne une idée des températures qu'il peut encore faire ici à quelques jours de l'été. Nous nous retrouvons sur le parcours du 87 km, peut-être aurai-je la chance de me faire dépasser par mon ami Pascal ?
Jusqu'à maintenant aucune douleur aux adducteurs et à ma grande stupéfaction, mon dos qui m'a fait si mal ces derniers jours me laisse tranquille ce qui me permet d'arriver sans encombre au chalet du Hohneck, 1366m d'altitude, dans le brouillard.
Dans la descente qui commence un coureur du relai m'annonce qu'on a parcouru environ 24 bornes et que le prochain ravitaillement est dans un bon kilomètre par contre je ne sais toujours pas l'heure qu'il peut être, suis-je dans les délais ?
Un parking, un peu de monde, c'est le second ravitaillement positionné sur une minuscule terrasse ou coureurs et accompagnateurs se bousculent encore. Soit on met les tables dans un lieu étroit et on autorise que les coureurs à y aller soit on utilise un emplacement plus vaste, non ? Que des victuailles à consommer sur place, chips, saucisson, raisins secs, tout ce qu'on trouve habituellement sur les tables de toutes les course de France. Mais comme elles sont tripotées par de nombreuses personnes qui sont certainement allées se soulager, qui se sont peut-être massées avec des tas de produits sans le laver les mains, hors de question pour moi de piocher là-dedans. Je refais le plein de mes bidons, bois une soupe dans un gobelet déjà utilisé puisqu'il y a rupture de stock, j'enlève le petit cailloux dans la chaussure gauche et c'est reparti. Pas pour longtemps car un besoin naturel doit être satisfait.
Les côtes sont de plus en plus dures à gravir. Les pauses sont de plus en plus nombreuses. Certainement la fatigue qui commence à se faire ressentir mais aussi des pentes parfois raides. Et puis une nouvelle belle averse va bien détremper le parcours. J'arrive quand même à trottiner quand la pente est favorable ce qui me permet de revenir sur une féminine qui se débrouille bien mieux que mi dans les montées. J'irai avec elle jusqu'au ravitaillement suivant de Longemer. C'est qu'à papoter on ne se rend plus trop compte du temps et des kilomètres qui passent. Mais pour y arriver il nous faudra bien négocier une partie très délicate, sur des rochers très glissants avec le vide sur la droite et des barres métalliques scellés dans la roche auxquelles on peut s'agripper pour sécuriser sa progression. Avec ma vue défaillante je ne suis pas très fier et je fais très très attention ou je pose les pieds.
Cet obstacle passé, nous arrivons à Longemer où les dossards sont contrôlés à l'entrée des tentes réservées aux concurrents. On ne s'y bouscule pas, on peut prendre son temps pour faire le plein mais faut quand même pas trop s'attarder car d'après la dame qui connaît un peu le coin il reste 15 km dont un beau talus à franchir. Une personne m'annonce qu'il est 16h15, j'ai largement le temps pour terminer cette belle épreuve.
Le talus annoncé par la dame que j'accompagne est en fait un mur d'une petite centaine de mètres. Une corde est même à notre disposition pour nous aider à grimper mais comme elle est un peu élastique j'ai failli faire tomber ceux qui était plus haut et je me suis fait enguirlander. Du coup je suis monté à quatre pattes faisant parfois des glissades de quelques mètres en arrière. Une fois au sommet il ne faut pas croire que le plus dur est fait. Il reste encore de belles cotes mais je suis désormais seul car la féminine a pris la poudre d'escampette.
Un peu plus loin je vois débouler sur ma droite de jolies féminines aux dossards roses, ce sont les filles de la natur'elle, l'épreuve de 15 km qui leur est réservée. C'est qu'elles sont rapides, impossible de les suivre dans cette petite grimpette, je pense que Francine doit être derrière et qu'elle va certainement me rattraper. N'ayant absolument pas regardé le roadbook je n'ai aucune idée de la distance qui reste à faire mais une dame me dit que son GPS affiche près de 8 km. Elle ne sais pas si nos parcours sont communs jusqu'au bout. Il me semble que oui, il me reste donc 7 bornes à faire. Le ciel s’éclaircit mais on aura encore droit à une belle averse un peu plus loin. Auparavant, dans une longue descente, j'ai pris pas mal de risques à dépasser de nombreuses filles qui ne voulaient pas trop salir les pieds en passant sur les côtés. J'ai foncé droit devant, en plein milieu du chemin, pataugeant à cœur joie dans la boue. Désormais j'optimise les trajectoires, plus question de faire de détour pour éviter l'eau et la gadoue. Ca fait des heures que j'ai les pieds mouillés, je ne suis plus à ça près. Je me rends compte qu'en fait, dans cette boue, c'est là qu'on a les meilleurs appuis mais je redeviens très vigilant dès que des pierres réapparaissent.
Après avoir traversé une route, les bénévoles nous annoncent que c'est la dernière côte. J'espère qu'ils disent vrai et effectivement le bitume va ensuite faire son apparition pour une descente raide et sinueuse vers le lac de Gerardmer qui se découvre au dernier moment.
De nombreux encouragements, mes amis Isabelle et Pascal sont là, bip bip c'est fini.
Je me retourne et qui vois-je arriver ? Francine !
Une petite photo, un petit nettoyage rapide aux robinets installés à proximité et un aller-retour vite fait au ravito pour profiter de... pas grand-chose car là aussi, les tables on été mises dans un coin sur le côté du palais des congrès alors qu'il y a des grandes salles et de grands espaces verts autour... Comme ça se bouscule et qu'il n'y a visiblement plus de gobelet on va se boire une bonne bière à l'appartement.
Après une bonne douche nous retournerons à la salle pour le repas d'après course qui aurait été meilleur s'il avait été chaud. Ca manque aussi un peu d'ambiance… musicale.
Après le Jura j'ai donc apprécié les beaux paysages que proposait cette course. Enfin course est un bien grand mot quand seulement 5 concurrents ont eu une vitesse supérieure à 10km/h sur 454 classés.
Aucun pépin physique, de ce côté là c'est aussi une très grande satisfaction et je suis prêt à remettre ça l'année prochaine mais ou ???
Francine, satisfaite de ses bâtons, est bien contente d'être redescendue sur le 15 km. Pascal est plutôt content de sa prestation sur le 87 km en 14 heures de course et ce, malgré la perte de sa montre gps sur le parcours. Il est prêt à remettre ça ! Grand bravo champion !
Bravo et merci à l'organisation qui est assez arrangeante concernant les changements d'épreuves. Balisage parfait pour ce qui me concerne.
Cependant, pour l'organisation des championnats de France l'année prochaine, je pense qu'il faudra améliorer quelques points : mettre des contrôles de dossards car en regardant la carte du parcours il est facile pour qui connaît le coin de faire quelques kilomètres en moins. Je pense souhaitable aussi d'améliorer les ravitaillements. Soit l'organisation mentionne dans le règlement qu'on doit avoir son propre gobelet soit l'organisation en achète en quantité suffisante et puis réserver ces espaces aux seuls coureurs ou alors trouver des espaces plus grands.
Je dis ça mais bon, pour ce qui me concerne, je n'ai mangé que trois gâteaux salés fraîchement déballés sinon je n'aurai rien pris.
Un grand merci aux bénévoles même si j'ai été un peu déçu de ne pas avoir de réponse à quelques-uns de mes remerciements et je ne vous parle même pas du manque d'amabilité du photographe, alors ses photos il peut se les garder.
Merci à Isa de s'être occupé de la location, de la comptabilité, pour les pâtisseries, ses encouragements et sa bonne humeur permanente.
Pas vu de déchet sur le parcours, merci et bravo à tous, finisher ou pas!La semaine prochaine, direction la Transbaie !
Le classement du 55 km :